L’accueil d’Adorno et de Marcuse en France : deux réceptions contrastées 1

Cet article retrace les parcours suivis par réceptions très différentes qu’ont connues en France théories de Herbert Marcuse et Theodor W. Adorno depuis l’immédiat après-guerre jusqu’à aujourd’hui. À l’encontre certaines légendes prétendant que l’école Francfort n’aurait éveillé la curiosité des cercles académiques français tardivement (1968 pour Marcuse, années 1970 Adorno), on verra ici comment liens ont été noués bien avant entre chercheurs allemands certains intellectuels français, particulier grâce au travail revues (Les Temps modernes, Critique, Arguments). Il est remarquable réception deux auteurs a toujours emprunté voies divergentes : l’engouement suscité auprès du public ne souffre aucune comparaison, pourtant avec le temps, recherche française s’est progressivement éloignée maître à penser révolte estudiantine, tandis écrits d’Adorno, qui durablement marqué plus étroits musicologues (Pierre Boulez particulier), sociologues philosophes (comme témoigne débat Jacques Derrida Jean-François Lyotard début 1980), font sans cesse l’objet nouveaux travaux.